[THEATRE] ll y a de ces titres qui font
peur et de ces troupes qui rassurent : genre « Roméo et Juliette » (le
classique dont on craint le classicisme) ; par la compagnie Los Figaros dans une
mise en scène d’Alexis Michalik (si ce n’est pas déjà fait, retournez l’internet
pour trouver des dates et des places pour leur Porteur d’Histoire, succès du
Off d’Avignon cette année).
Les dimanches à 20h15 à partir du
6 janvier 2013 au Théâtre des Béliers Parisiens, 14 bis rue Sainte Isaure,
75018 Paris. http://www.theatredesbeliersparisiens.com/romeo-juliette/
(Crédit Photo: D.R)
Roméo & Juliette on connaît
tous, c’est beau, c’est tragique, c’est l’amour à la mort, les Montaigu contre
les Capulet, c’est Leonardo Di Caprio dans la version de Baz Lurhmann, c’est la
chanson du troubadour dans la version de Franco Zeffirelli (si si allez,
cliquez là, vous allez voir que vous la reconnaîtrez et l’aurez en tête toute
la journée). En théorie donc, "Roméo et Juliette" au théâtre un dimanche soir
enneigé, c’est quitte ou double, selon que vous êtes déprimé, romantique,
stressé du lundi matin, mélancolique de votre amoureux(se) reparti par le
train de la fin d’après-midi ou totalement blasé du sexe opposé suite à vos
rencontres de la veille en soirée arrosée.
En théorie seulement. Cette fois, n’hésitez pas, peu importe l’humeur,
prenez rendez-vous au Théâtre des Béliers Parisiens, dans le XVIIIème (métro
Jules Joffrin) et laissez-vous faire. Ils sont trois. Deux garçons, une fille.
Ils sont trois à vous attendre sur scène lorsque vous entrez dans la
petite salle : trois comédiens qui joueront plus d’une vingtaine de personnages
à eux seuls. Dans un décor épuré fait de porte-manteaux mobiles transformables,
surgissent tour à tour un père Montaigu maffioso, un Tybalt des banlieues ou
une Juliette en tutu rose. Vérone se pare d’anachronismes mais sous la
légèreté, les plus beaux passages du texte de Shakespeare éclatent. La
rencontre entre Juliette et Roméo, dans les brumes d’une lumière rouge, est
tout en poésie précieuse, à l’image, peu après, de la scène du balcon qui révèlent les
sensibles amoureux.
Les habiles comédiens nous
transportent d’un personnage à l’autre dans des jeux de dialogue et de costumes
parfaitement ciselés et réglés. D’une Juliette touchante, Anna Mihalcena passe en
quelques instants à un Mercutio goguenard et grivois. Charles Delaure (ou
Alexis Michalik en alternance) en Roméo devient en quelques minutes une Madame
Capulet haute en couleurs, et Régis Vallée prend successivement les atours de
la nounou de Juliette ou du Père confesseur de Vérone…
On rit, beaucoup. Ca chante même, un peu ! Et toujours pourtant, l’émotion affleure quand la
tragédie surgit. Il n’y aura pas de happy end.
Qu’on se le dise, le metteur en
scène Alexis Michalik est agaçant de talent. Comme dans Le Porteur d’Histoire,
il nous emmène dans un voyage théâtral d’une grande finesse, qui traverse les
époques avec fluidité et nous emporte avec jubilation. Ne passez pas à côté !
Quelques extraits ici (mais c'est encore mieux en live).
(Crédit Photo: D.R)