jeudi 28 février 2013

Obsessions sonores



[J’AI CA EN TETE ET CA NE PART PAS - BIS]

*en boucle...
Junip - "Line of fire"





*Dans la famille « voix caverneuses », je reprendrais bien un peu de Narrow Terence, surtout suite à leur très beau concert à l’église Saint-Eustache (mais j’étais trop loin pour les photos, hein).
Narrow Terence - "Dinner"


Et du Nick Cave and The Bad Seeds. Là, "Push the Sky away", qui donne son titre à l’album.  

Ou « Jubilee Street »:


*Dans la famille "vus et approuvés sur scène", les petits jeunes d’Exsonvaldes avec "Lali" (la photo en début de post, c'est eux!). Leur prochain album, Lights, sort le 18 mars.


Et même s’ils ne sont pas encore tout à fait géniaux sur scène de mon point de vue, mais que leur album est carrément chouette : Alt-J et "Breezeblocks



Et tout de même… 
*dans la famille « gym suédoise » (cours à majorité de filles, en cercle, sur une playlist TONIQUE choisie par un professeur ENJOUE qui montre des mouvements de cardio et abdos, pour résumer) ; correspond aussi généralement le moment de la semaine où je révise toutes les musiques « in » qui passent sur les chaînes musicales : 
Macklemore – "Thrift Shop feat. Wanz" (fonctionne aussi très bien quand il faut écrire en urgence le document entre 5 et 8 pages à rendre pour la réunion qui se tient deux heures plus tard).



[photos: Lili D.]

mercredi 27 février 2013

La Vie Parisienne

[CINEMA] Vous ne vous êtes jamais arrêtés dans un square à regarder « les autres », jeunes couples qui surveillent leur premier enfant sur le toboggan, adolescents qui se pressent en se bousculant, personnes âgées qui discutent sur un banc, et à leur imaginer une vie ? Vous n’avez jamais regardé par la fenêtre les voisins du bâtiment d'en face, tout près, dont l’absence de rideau permet de saisir quelques bribes de vie quotidienne ? (et bien moi si, et je consignais tout dans des petits carnets oranges, ce parce que j’avais beaucoup aimé Harriet L’Espionne de Louise Fitzhugh)

Dans le court-métrage La Vie Parisienne, il y a un square comme il y en a plusieurs dans Paris, au milieu du boulevard, quelques arbres séparant les promeneurs de la circulation. Il y a ce couple qui joue au ping-pong. Tous les mercredis et parfois le samedi. On a l’impression que Vincent Dietschy passait par là, les a regardés et en a réalisé un court-métrage qui les raconterait : La Vie Parisienne, nommé aux Césars dans la catégorie Meilleur Court-Métrage. Marion et Pierre sont beaux, ils sont professeurs, ils sont amoureux, ils sont de gauche… « J’avais envie de travailler avec Milo [McMullen, actrice et chanteuse, un faux air de Liv Tyler en moins ingénue] et de faire quelque chose autour de la conjugalité » dit le réalisateur et scénariste. Passé par l’IDHEC (ex-Fémis), Vincent Dietschy a déjà réalisé des long-métrages dont Didine, avec Géraldine Pailhas, Christopher Thomson et Benjamin Biolay (2007) et travaillé avant cela avec entre autres Laurent Cantet et Gilles Marchand (Qui a tué Bambi ?, 2003).



Dans la routine de Marion et Pierre (interprété par Serge Bozon) surgit Rémi, amoureux d’enfance de Marion. Excentrique et libre, Rémi s’incruste dans la vie du couple en proposant là une soirée chic dans un palace, là de dormir à trois – sinon lui-même dort parfois sur les bancs des squares – et accepte ici un duel au ping-pong. Pierre est agacé, Marion est troublée. « L’acteur qui joue Rémy [Esteban, ndr] est tellement original, avec sa voix si particulière, sa façon même de parler, qu’il en devient dérangeant mais dans le même temps, il nous accroche, » souligne Vincent Dietschy.

C’est ce jeu à trois, à la fois futile et citadin, que raconte Vincent Dietschy dans une esthétique qui rappelle la Nouvelle Vague, Christophe Honoré (qui appellent eux un univers finalement assez « parisien »), dans le jeu des acteurs et leur phrasé, dans le découpage en chapitres. C’est aussi coloré et pop : aux images poétiques de Marion sous la neige succède un jubilatoire passage chanté (et chorégraphié) en allemand où une tentative de baiser se trouve démultipliée par les ajouts successifs de différentes prises.

La parenthèse intrusive dans la vie parisienne de Marion, Pierre et Rémi se referme après une quarantaine de minutes ; en ce moment, Vincent Dietschy travaille sur près de sept projets à la fois, parmi lesquels un qui lui donnerait la possibilité de donner une suite à ce trio.

Pourquoi ce titre, "La Vie Parisienne"? Vincent Dietschy : « Parce que dans le long métrage à venir, dont le court est extrait, la jeune femme, Marion, vit au début en grande banlieue, à Melun, et emménage chez son compagnon, qui habite à Paris. Parce qu'il y a une opérette d'Offenbach qui s'appelle "La vie parisienne" , qui n’est pas sans rapport avec mon film, et que j'aime bien Offenbach. Parce qu'il y a une revue de petites annonce cul et échangistes, qui existe depuis des dizaines et des dizaines d'années, et qui s'appelle "La vie parisienne". Parce que dans le film, grâce au dispositif léger que j'ai choisi, la vie parisienne éclate partout, dans les coins et les recoins, à chaque plan, et que pour moi, c'est aussi ça le spectacle du film, celui de la vie parisienne, la vie de ces gens qui s'agitent et marchent d'un pas pressé ou se posent dans un café. J'ai remarqué que dans d'autres grandes villes françaises, comme par exemple Lyon, le rythme, le "flow" des gens est beaucoup plus lent. Je suis sûr qu'on peut reconnaître la terrasse d'un café parisien à la terrasse d'un café lyonnais à la rapidité des gestes qu'on les serveurs, les clients. »


La Vie Parisienne, réalisé par Vincent Dietschy, 2011, 36 mn, avec Milo McMullen, Serge Bozon, Esteban, Mona Walravens. Produit par Sombrero Films. Le film a notamment reçu le prix Jean Vigo 2012.



*Thoughts on parisian style…

C’est le slalom entre les gens toujours trop lents dans les couloirs du métro (même le dimanche),

C’est le taxi à 2h30 heures du matin, et lui raconter combien les hommes de ce soir-là étaient relous , combien les hommes de notre vie nous ont déçues, combien notre sourire cache de névroses en tout genre.

C’est acheter son croissant à 6 heures du matin en rentrant avec les premiers métros et en prendre un deuxième pour le colocataire. Et en compter les calories.

C’est payer tout trop cher, râler, et recommencer.

C’est refaire le monde jusqu’à trois heures du matin, avec une tisane ou un verre de vin, et fumer à la fenêtre,

C’est le zapping, les agendas qui se remplissent trop vite, la peur d’être seul, les trottoirs bondés de la rue de Rivoli, les répertoires à rallonge, le manque d’engagement, les retards sans excuse, les séances de ciné tardives, le réconfortant petit épicier toujours ouvert,  

C’est les sushis qui sauvent le dîner et le brunch qui réveille le dimanche,

C’est sortir, c’est danser, c’est parler fort, c’est se perdre en analyses foireuses et en blagues douteuses,

Ce sont les terrasses bondées, les talons qui claquent sur le pavé, les barbes mal rasées,

C’est partir au boulot avec des cernes qui racontent la soirée de la veille, et le teint gris qui cherche le soleil,

C’est son sourire qui nous attend à la station de métro.


[photo D.R et L.D]

mercredi 13 février 2013

*Pagan Poetry*, voyage musical à domicile


[MUSIQUE] Et si le temps de quelques chansons, on croyait aux mondes parallèles ? La voix chaude et puissante de Nathalie Réaux s’élève, le violon résonne. Puis ce sont les notes claires d’un instrument étrange, la kalimba – ou « piano à doigts » – qui tintent. La pop subtile de *Pagan Poetry*, aux accents lyriques ou contemporains, oscille entre la réalité et des mondes plus vastes… « This is bigger than what we see » chante l’auteur-compositeur interprète.  



A 34 ans, Nathalie Réaux a déjà collaboré avec de nombreux artistes, tels Syd Matters, Nosfell et Claire Diterzi. Pagan Poetry est son projet personnel. Une première date à la Loge (Paris, 11ème) en juin révélait l’univers teinté de mystique du groupe. Alors qu’un EP est en cours d’enregistrement, le groupe a choisi de faire de la scène… en privé : plusieurs concerts participatifs (en clair, le public est invité à payer un droit d'entrée dont il choisit le montant) sont prévus ce trimestre dans les salons (!) des personnes intéressées.

Un dimanche d’hiver, 16h, les invités arrivent. L’appartement est niché dans une rue du XVIIIème arrondissement parisien. L’hôte s’active, finit de dresser une table, de découper les gâteaux faits maison, de placer les chaises. Les musiciens de Pagan Poetry occupent le grand double salon, règlent micros et instruments, et ont fait de la chambre principale leur loge et le local technique.


Par la fenêtre, les toits de Paris prennent un ton bleuté tandis que le jour décline. Le thé est servi, les enfants viennent se poser sur les tapis, leurs aînés sur les chaises et canapés. Un écrin douillet et gourmand qui sied au voyage que propose Nathalie Réaux et trois des musiciens de Pagan Poetry – Johann Chauveau au piano et à la flûte, Marie Lesnik au violon, Chloé Girodon au violoncelle (ne manquait que Lucie Antunes la percussionniste).

Pagan Poetry... Le nom du groupe lui-même se teinte de mystères.  «Je tenais à cette idée de dimensions multiples, invisibles, de choses que l'on ne voit pas mais qui sont là» explique l’auteur.
Et qu'importe la référence au morceau du même nom de Bjork : «J’ai  longtemps hésité car c'est une sacrée référence mais je me suis décidée car ma musique me semble loin d'un simple copié-collé. » Les univers se croisent, Nathalie (s')en joue : elle reprend, avec grâce et malice, « Suspended in Gaffa » de Kate Bush. Mais parmi ses inspirations, elle cite plutôt la musique minimaliste de Philip Glass, ou encore Danny Elfman.

« The Unseen », « Wonderworld », les compositions s’enchaînent, de nouveaux instruments s’invitent : Johann Chauveau attrape la flûte à bec, Nathalie l’autoharp ou le ukulélé. La magie opère pendant une cinquantaine de minutes… Tout sourire, les musiciens en version intimiste – une quinzaine de personnes assistent au concert gourmand ce jour-là – transportent le public dans leur monde poétique.   
 


*Pagan Poetry* jouera à la péniche Excelsior (Allonnes, 72) en première partie d’An Pierlé le 15 mars prochain. News, infos sur les concerts gourmands, photos et vidéos sur le site officiel de *Pagan Poetry*

Crédits vidéo: *Pagan Poetry* et Nora Fadlaoui

vendredi 1 février 2013

J'ai ça en tête et ça ne part pas...

[MUSIQUE] Dans ma playlist ces jours-ci d'hiver tout gris :

Coup de coeur à écouter de toute urgence, le canadien Mark Berube (and the Patriotic Few) et sa folk indie, découvert à l'International le 23 janvier dernier - « Let Me Go » (extrait de l’album June in Siberia)
 

Et puis sinon:
-Le matin calme à l’heure de la revue de presse, quand l’openspace se réveille à peine, que les collègues ne sont pas encore tous arrivés – « The Waves » par Villagers (extrait de l’album Awayland


-Ou quand l'après-midi est longue et que la nuit tombe – « Ghost Meeting » de Narrow Terrence (extrait de leur album Violence with Benefits, qui sonne comme une B-O de film)
http://www.deezer.com/track/63473341

-Et valeur sûre pour s’extraire du monde, les Foals : pas encore convaincue par leur nouvel album, je me repasse en boucle leur Total Life Forever -- et en ce moment, c'est particulièrement "After Glow" que j'ai en tête.




[AVANT-PROPOS ou AUTOBIOGRAPHIE MUSICALE] Vous ai-je déjà parlé de mon black out musical ? Il s’agit de la période de ma vie où j’ai décidé que j’étais nulle en musique, que ce n’était pas mon truc et merci de me foutre la paix avec ça. Correspond  également au moment où j’ai jeté toutes les petites chansons écrites en vue d’une comédie musicale qui ferait mon succès.
 
La cause ? Un prof de musique qui, non content de me mettre systématiquement une note en dessous de celle de ma voisine de classe, de ne pas retenir mon prénom en quatre ans de collège et de nous faire des interros surprises de flûte à bec (oui un concept sonore intéressant l’interro-surprise de flûte à bec) se doublait d’un insupportable démagogue lunatique qui passait du rire aux remarques vachardes (quand ce n’était pas des remontrances humiliantes) en moins de temps qu’il n’en faut pour jouer deux blanches et deux noires. Quatre ans pendant lesquels le cours de musique était aussi insupportable que le cours de javelot (les profs d’EPS aussi sont plein de ressources).

Pendant ces années, je me souviens avoir appris à chanter du Goldman et à jouer un morceau qui s’intitulait Chinatown (« si la la si, la sol la si la sol mi, mi mi sol, mi mi sol, la si do ré, si do rééé »), mais absolument pas à reconnaître le son d’un instrument ou une période musicale. J’ai alors préféré opter pour un rejet total et unilatéral de la chose musicale, au prix de grosses lacunes (i.e : « rappelle moi comment on reconnaît une basse d’une guitare ? ») ; j’ai longtemps éludé toute conversation musicale en bottant en touche d’un « je suis désolée, j’y connais rien. »

Heureusement j’ai eu quelques amis patients –  « Qui c’est qui chante déjà ? – M’enfin, Bowie, fais un effort !! » – je n’ai jamais arrêté la danse, je continuais à gribouiller des textes qui rimaient vaguement, et plus tard, apprendre à danser le tango m’a obligée à pratiquer l’écoute sélective : là c’est le bandonéon, là c’est du piano, etc. Dans le même temps, je continuais de beaucoup lire la presse musicale, d’écouter un peu ci un peu ça parce qu’on me l’avait conseillé, puis directement ci et complètement ça par curiosité puis trois fois trop ci et en boucle tout ça par mono-maniaquerie.
J’ai enfin décidé, officiellement, de rompre mon black out musical. Et je vais même me mettre à la guitare pour entériner cette nouvelle ère.

Post dédicacé notamment à mélissa, agathe, charlotte,  les patient(e)s guitariste(s) plus ou moins du dimanche grâce à qui je ne suis pas restée bloquée aux références musicales de mon père et Monsieur L., professeur de musique, sans rancune.