jeudi 17 janvier 2013

Carnet de route [carte postale]


Madagascar. L’île rouge qui restera toujours pour moi associée à cette couverture du magazine Cousteau Junior avec un lémurien en gros plan qui regarde le lecteur. L’article en pages intérieures évoquait le nom si exotique d’Antananarivo et promettait de rencontrer des maki-kata ; j’avais 9 ans et je rêvais…
Juillet 2012, nord de Madagascar. A Diego-Suarez, il pleut. On prend un taxi, ma sœur So négocie le prix pour Ramena et c’est parti pour 40 mn de route le long d’une baie magnifique, à éviter les trous du bitume, en 4L jaune. Les taxis de Diego Suarez sont des 4L jaunes, c’est comme ça et puis c’est tout. A Ramena, un certain Frédéric prend nos sacs et nous conduit jusqu’à notre hôtel, l’Emeraude, et à notre petit bungalow en bord d’eau. À marée basse, l’eau doit être à dix pas du bungalow, contre cinq et demie à marée haute. Quand je dis bungalow, entendez plutôt case de luxe : un grand lit avec matelas qui s’enfonce et donne mal au dos, des toilettes et une douche à eau chaude ; sur le porche, un hamac. Coolos version grand luxe. Sauf quand il n’y a pas d’électricité, ce qui arrive quasi tous les soirs. Ramena, joli port de pêcheur sur la baie de Diego-Suarez, environ 4000 habitants selon le Routard, et tout le monde se connaît. Et tout le monde nous connaît du coup.
Il ne pleut plus. On pose nos affaires, Popina et JB, un expat’ de Lourdes, nous accueillent. Ont l’air sympa. JB (pour Jean-Bernard, pas Jean-Baptiste) nous propose d’accompagner ses gars en mer pour aller poser les filets de pêche. Wow cool, ok ! je réponds. JB dit (ou bien j’ai compris) que c’était l’affaire d’une petite demi-heure. Bon en fait…non. Mais nous voilà So et moi sur le bateau avec Reina, Mario et Franck, trois Malgaches tout rigolards de nous avoir. Seul Reina parle français, donc il baragouine quelques trucs avec ma sœur, qui elle, baragouine pas mal le malgache, mais celui des Hautes Terres. Qui n’est évidemment pas le même que celui de Diego (c’est con, je commençais à me rappeler comment dire « bonjour »).

Nous sommes sur le Canal du Mozambique. Direction la petite passe pour lancer les filets. Mario fait ça très sportivement, aidé de Franck, le plus jeune. Reina est à la manœuvre, au gouvernail puis au moteur. Évidemment ça tangue, évidemment j’ai un peu le mal de mer, mais voir avec quelle agilité Mario joue avec le filet puis monte pieds nus sur la coque, et enfin grimpe accrocher la voile au mât est impressionnant. Alors je ne prends pas trop de photos, j’essaie de ne pas trop penser au va-et-vient de l’embarcation et je regarde l’horizon. Mais ça tangue, vraiment. Mario a remis la voile. Je comprends que c’est pour faire des économies d’essence, le moteur on oublie. Mais le vent ne souffle pas dans le sens qui nous arrangerait. On n’avance pas, ou peu. Le temps s’arrête. J’ai mal au cœur.



Reina nous explique vaguement qu’ils vont faire le tour pour choper plus de vent, s’éloigner de la côte vers l’ouest pour mieux revenir par l’est en somme ou quelque chose comme ça je suis nulle en géo et il parlait en malgache. « Vous êtes pas pressées ? » Bah non, évidemment, mais moi j’ai le mal de mer, je vais peut-être être malade, je préviens. La nuit tombe, il fait beaucoup plus frais. Dans le noir complet, au large, avec trois Malgaches qui ne parlent pas français et le mal de mer : je ne suis pas complètement rassurée en fait. On rentre après 18h. « C’est le coup d’une demi-heure » : merci JB. J’ai les jambes qui flageolent, il était temps de retrouver le plancher des vaches des zébus.
La suite ? Négociations pour l’excursion à la mer d'Emeraude le lendemain, hésitations entre confier notre destin et mon mal de mer à un certain Ali ou à un Frédéric. Et crevettes avec calamars sauce coco préparés par notre hôte Popina.

(crédits photos: L. et So. D. Tous droits réservés)

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