mercredi 23 janvier 2013

Parlez-moi d'amour

[THEATRE] ll y a de ces titres qui font peur et de ces troupes qui rassurent : genre « Roméo et Juliette » (le classique dont on craint le classicisme) ; par la compagnie Los Figaros dans une mise en scène d’Alexis Michalik (si ce n’est pas déjà fait, retournez l’internet pour trouver des dates et des places pour leur Porteur d’Histoire, succès du Off d’Avignon cette année). 

Roméo & Juliette on connaît tous, c’est beau, c’est tragique, c’est l’amour à la mort, les Montaigu contre les Capulet, c’est Leonardo Di Caprio dans la version de Baz Lurhmann, c’est la chanson du troubadour dans la version de Franco Zeffirelli (si si allez, cliquez là, vous allez voir que vous la reconnaîtrez et l’aurez en tête toute la journée). En théorie donc, "Roméo et Juliette" au théâtre un dimanche soir enneigé, c’est quitte ou double, selon que vous êtes déprimé, romantique, stressé du lundi matin, mélancolique de votre amoureux(se) reparti par le train de la fin d’après-midi ou totalement blasé du sexe opposé suite à vos rencontres de la veille en soirée arrosée.
En théorie seulement. Cette fois, n’hésitez pas, peu importe l’humeur, prenez rendez-vous au Théâtre des Béliers Parisiens, dans le XVIIIème (métro Jules Joffrin) et laissez-vous faire. Ils sont trois. Deux garçons, une fille. Ils sont trois à vous attendre sur scène lorsque vous entrez dans la petite salle : trois comédiens qui joueront plus d’une vingtaine de personnages à eux seuls. Dans un décor épuré fait de porte-manteaux mobiles transformables, surgissent tour à tour un père Montaigu maffioso, un Tybalt des banlieues ou une Juliette en tutu rose. Vérone se pare d’anachronismes mais sous la légèreté, les plus beaux passages du texte de Shakespeare éclatent. La rencontre entre Juliette et Roméo, dans les brumes d’une lumière rouge, est tout en poésie précieuse, à l’image, peu après, de la scène du balcon qui révèlent les sensibles amoureux.


Les habiles comédiens nous transportent d’un personnage à l’autre dans des jeux de dialogue et de costumes parfaitement ciselés et réglés. D’une Juliette touchante, Anna Mihalcena passe en quelques instants à un Mercutio goguenard et grivois. Charles Delaure (ou Alexis Michalik en alternance) en Roméo devient en quelques minutes une Madame Capulet haute en couleurs, et Régis Vallée prend successivement les atours de la nounou de Juliette ou du Père confesseur de Vérone…
On rit, beaucoup. Ca chante même, un peu ! Et toujours pourtant, l’émotion affleure quand la tragédie surgit. Il n’y aura pas de happy end.
Qu’on se le dise, le metteur en scène Alexis Michalik est agaçant de talent. Comme dans Le Porteur d’Histoire, il nous emmène dans un voyage théâtral d’une grande finesse, qui traverse les époques avec fluidité et nous emporte avec jubilation. Ne passez pas à côté !
Quelques extraits ici (mais c'est encore mieux en live).

Les dimanches à 20h15 à partir du 6 janvier 2013 au Théâtre des Béliers Parisiens, 14 bis rue Sainte Isaure, 75018 Paris. http://www.theatredesbeliersparisiens.com/romeo-juliette/ 

(Crédit Photo: D.R)

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